Crise de l’eau : quelles solutions d’adaptation ?

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Selon votre localisation en France cet été, l’eau coulait en abondance, voire même de trop, ou bien tout le contraire. Cette alternance géographique et temporelle trop d’eau / pas assez d’eau est de plus en plus présente dans nos quotidiens. Cela entraine des conflits autour de la gestion de cette ressource vitale. France 5 et Hugo Clément ont réalisé un documentaire intitulé ‘La guerre de l’eau en France’. Son but est d’expliquer en détail cette situation. Le documentaire présente les solutions d’adaptation déjà adoptées en France et dans le monde. La crise de l’eau existe t-elle en France ? Quelles sont les solutions ? Sont-elles pérennes ? Ou bien au contraire, entraînent-elles la raréfaction des ressources en eau ? Suivez nous pour le résumé !

Crise de l'eau - Sur le Front, FRANCE 5

Crise de l'eau : le manque d’eau potable en 2021, est ce possible ?

On commence par un passage à Durban-Corbières dans l’Aude. Cet été, 30 aller-retours de camions citernes ont été nécessaires pour alimenter la commune en eau potable. En effet, seulement 15 cm d’eau sont tombés sur tout l’été, aggravant la sécheresse (définition ici) qui perdure depuis déjà 4 ans dans cette région. Les habitants s’adaptent. Ils ont appris malgré eux à vivre avec moins d’eau et à aller chercher l’eau potable nécessaire à un point de ravitaillement. Mais cela leur paraît hors du commun en 2021.

Durban-Corbières n’est pas un cas isolé, 500 cours d’eau étaient à sec en août 2021 en France. En parallèle, des inondations records ont frappé sans prévenir le Nord Est de la France, ainsi que la Belgique et l’Allemagne. Les conséquences ont eu un bilan humain et matériel catastrophique. 

Alors, comment pouvons nous nous préparer et nous adapter à ce cycle hydrique perturbé

Arrêté sécheresse
Carte sur les arrêtés de restriction de l'usage de l'eau au 2 septembre 2021 en France
Zone_inondable_France
Zones inondables en France (2013)

La réutilisation des eaux usées en eau potable, projet d’avenir en Vendée.

C’est en Vendée que l’on découvre une première solution pour faire face au manque d’eau potable. Le 9 juillet, le syndicat Vendée Eau s’est associé à Veolia pour lancer la construction d’une unité d’affinage des eaux usées. Cette unité a pour but de transformer les eaux usées en eau potable pour une consommation domestique dans le département. Ce projet s’est construit suite au manque d’eau potable, causé par un manque de précipitations. La Vendée dépend des eaux de surface pour s’alimenter en eau, ce qui pose un risque majeur au vu des conditions climatiques à venir. Bien que réutiliser les eaux usées après traitement paraît évident, cela n’est pas encore autorisé en Europe. Par conséquent en France, seulement 0,6% des eaux usées sont recyclées, surtout à destination des arrosages agricoles. Espérons que le Vendéens pourront prouver à l’Europe que boire son pipi, c’est possible !

Dans le monde, certains pays comme la Namibie sont pionniers dans le recyclage et le traitement des eaux usées pour la consommation humaine. Ainsi depuis déjà 50 ans, les habitants consomment l’eau recyclée et traitée par la ville.

Un bâtiment intégrant l’eau, l’énergie et la production maraîchère locale à Grenoble.

Après 10 ans de conception, le premier bâtiment autonome en énergie et en eau a accueilli ses résidents en 2020 à Grenoble. Ce bâtiment reçoit son électricité par un système de panneaux solaires. Les logements démonstrateurs sont également alimentés par les eaux de pluie récupérées par une toiture innovante. Les eaux usées, quant à elles, ne finissent pas dans les égouts. Elle sont traitées au sous sol et reviennent dans les toilettes. Elles servent aussi à arroser les jardins communs autour des logements. Tous les robinets sont munis d’économiseurs d’eau, incluant un indicateur LED sur les pommeaux de douche pour indiquer la consommation d’eau de chaque douche. Les habitants sont formés sur les problématiques environnementales et prennent part collectivement à la réduction de leur empreinte écologique.

Et à plus grande échelle, quelles solutions sont proposées ? Sont-elles durables ?

Bâtiment ABC à Grenoble

De la Picardie à l’Espagne, exemples de projets controversés et aux conséquences aggravantes sur la crise de l’eau.​

Dans le monde, 70% de l’eau est prélevée pour l’agriculture. C’est donc sans surprise un secteur qui est fortement touché par un cycle hydrique perturbé et qui cherche à s’adapter. Cependant, toutes les solutions ne sont pas sans conséquences sur les écosystèmes où elles sont développées. Voyons cela avec quelques exemples …

Et si on contrôlait la météo...

En Picardie, plusieurs villes et villages entourés de cultures agricoles sont surpris jours et nuits par des bruits de bombardements. Ces détonations viennent de canons anti grêles fonctionnant à l’acétylène. Ils sont enclenchés par les agriculteurs lorsqu’un orage arrive. Bien qu’ils soient développés pour repousser seulement les orages, les habitants voisins ont remarqué une baisse des précipitations depuis l’utilisation des canons. Or, un manque de précipitations mène souvent à une recharge trop faible des nappes phréatiques.

En Malaisie et aux Emirats Arabes Unis, du chlorure de sodium est projeté dans l’atmosphère pour déclencher la pluie. Le contrôle de la météo ne s’arrête pas là, puisqu’aux Etats-Unis (Montana) une loi de 2005 autorise l’ensemencement des nuages pendant certains mois de l’année par les agriculteurs. Jouer avec la météo peut avoir des conséquences importantes. C’est ce qui est arrivé aux Emirats avec des inondations spectaculaires, les infrastructures et le sol n’étant pas préparés à recevoir de telles quantités de pluie.

 

Canon anti grêle
Canon anti grêle

Pas de pluie ? Regardons dans le sol...

Un autre exemple d’adaptation controversé est la création de bassines d’eau. Dans les Deux Sèvres en France, de nombreux citoyens s’opposent à leur installation, gérée par des gérants de productions agricoles intensives, comme le maïs. Ces bassines de plusieurs hectares sont remplies au printemps et en automne par de l’eau prélevée dans les cours d’eau et dans les nappes phréatiques. Elles irriguent ensuite les champs en été, alors que les agriculteurs et maraîchers sans bassines subissent des restrictions d’eau. En effet, rivières et nappes phréatiques sont asséchées et fragilisées par le pompage intensif au moment de leur recharge naturelle.

Un scénario similaire a lieu depuis plusieurs années en Andalousie, où des champs d’oliviers ont vu le jour dans le désert. L’eau des nappes phréatiques est parfois pompée jusqu’à 33m de profondeur pour abreuver ces oliviers. Des locaux ont déjà dénoncés 500 000 puits de forage clandestins ne respectant pas les limites de profondeur et/ou de débit.

Présentées parfois comme des solutions miracles à la crise de l’eau, les bassines ou puits de forage nous entraînent vers un stress hydrique créé par l’homme et pour l’hommeau détriment des écosystèmes naturels déjà perturbés par le changement climatique. Si l’eau sort en plus grande quantité de la terre qu’elle n’y rentre, les nappes phréatiques s’assèchent. En plus de mettre en péril les ressources, cela engendre un danger direct sur les habitations. Le sol au dessus des nappes s’affaisse, et les maisons se fissurent.

 

Bassine
Création d’une réserve de substitution dans le nord de l’Aunis

Une cartographie des nappes phréatiques profondes pour protéger leur utilisation intensive

Pour mieux évaluer la mise en place de solutions d’adaptation au stress hydrique, il est nécessaire de savoir où celui ci a lieu. C’est l’objectif de la cartographie des nappes. En survolant la France, un avion muni d’une technologie issue de l’industrie minière cartographie le niveau des nappes phréatiques. On suit alors l’évolution du niveau des nappes afin de comprendre si la baisse est naturelle ou créée par l’activité humaine et/ou le changement climatique

Le mot de la fin

En conclusion, ce documentaire présente les deux facettes de l’adaptation humaine face à la crise de l’eau, qui a déjà lieu en France. Une gestion durable de cette ressource existe. Cela passe par la réutilisation de l’eau, une consommation limitée, la rétention des eaux de pluie par la végétation ou encore la protection des nappes phréatiques. D’autres techniques d’adaptation peuvent aggraver la crise plutôt que de la limiter. C’est l’exemple des puits de forage et bassines d’eau qui sont uniquement utilisés pour des usages agricoles. Ils entrainent souvent une raréfaction de la recharge des nappes phréatiques, bien souvent au profit d’un nombre limité d’acteurs économiques. L’eau est une ressource vitale et fondamentale, et l’une des clés de notre adaptation sera bien évidemment son économie.

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  1. ISA TAILLARD ANORGA

    Très bel article, parfaitement clair et instructif !!!!

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