Infographie – Préserver l’eau avec des gestes collectifs

Cette infographie vous présente ce que chaque structure peut faire, collectivement et en société, pour préserver et économiser l’eau. Elle a été créée par la talentueuse Léna Canaud.

Dans les méandres de ce qui est appliqué... ou non !

L’infographie est divisée en 6 catégories. Dans chacune de ces catégories, on y retrouve différents types de mesures :

  • Les mesures généralisées en France, qui ont été mises en place grâce à des lois ou des plans globaux (en vert),
  • Les mesures adoptées selon le contexte et la politique locale, mais qui ne sont pas généralisées (en orange),
  • Les mesures qui sont encore assez sporadiques et surtout en test, de façon très locale (en bleu).

Chacune de ces mesures peut avoir un impact sur :

  • La quantité d’eau (les gouttes)
  • La qualité de l’eau (l’étoile)
  • La diminution des risques liés aux événements extrêmes (la maison)
  • La biodiversité (l’abeille).

Parcourons ensemble ces mesures collectives pour préserver l’eau. Des liens étayent le texte, afin de vous permettre d’aller plus loin si vous le souhaitez.

Infographie préserver et économiser l'eau collectivement

La Gouvernance

La gouvernance de l’eau est indispensable pour préserver cette ressource et permettre de la partager en toute sérénité !

Réglementer

Réglementer les usages de l’eau est indispensable. La politique de l’eau en France est fondée sur quatre grandes lois et encadrée par la directive-cadre européenne sur l’eau publiée en 2000. Il existe déjà le principe pollueur-payeur, l’incitation à la désimperméabilisation des sols, ou l’obligation de soumettre un projet ayant un impact sur le milieu aquatique à l’application de la Loi sur l’eau. Vous pouvez retrouver le détail par ici.

Mesurer et comprendre

Améliorer les connaissances par la mesure, la recherche et la réalisation d’études. Par exemple l’impact du changement climatique sur le cycle de l’eau ou l’identification des zones inondables. Ce sont ces études qui permettent de mieux comprendre le cycle de l’eau et comment le préserver.

Accompagner

Accompagner les collectivités, les agriculteurs, et tous les acteurs à mettre en place les mesures de préservation de l’eau. Cela passe par l’accompagnement technique (formation, adaptation au contexte, …) mais aussi par l’accompagnement financier.

Sensibiliser

Sensibiliser et accompagner les citoyens, scolaires et décideurs sur les actions possibles. Il est nécessaire de favoriser le passage à l’action en expliquant les problèmes mais en apportant également des solutions techniques. La sensibilisation doit aussi favoriser la sobriété (économies d’énergie et de consommation).

Gérer l'eau

Gérer l’eau de façon concertée à l’échelle du bassin.

Un bassin versant correspond à l’ensemble de la surface qui reçoit les eaux qui circulent vers un même cours d’eau ou vers une même nappe d’eau souterraine. Il existe des comités de bassin, rassemblant toutes les parties prenantes du bassin (industriels, énergéticiens, usagers, collectivités, …). Ces comités adoptent des Sdage (schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux) qui fixent les orientations qui doivent être mises en œuvre vis à vis de la ressource en eau, par périodes de six ans. Les orientations du SDAGE se déclinent concrètement en un programme de mesures. La concertation est primordiale pour une société résiliente.

Changement Climatique

Lutter contre le changement climatique pour éviter le dérèglement du cycle de l’eau. En France, les efforts se concentrent sur le transport, l’alimentation et le logement.

Sécheresses et crues

Les événements extrêmes doivent être gérés. Il est nécessaire de sensibiliser sur les économies d’eau et de restreindre les usages non prioritaires en cas de sécheresse. De même, il est nécessaire de sensibiliser et d’alerter sur le risque de crues.

Economie

Tarifer progressivement l’eau selon l’usage et la quantité. Cette mesure est l’une des mesures du Plan Eau, dévoilé en 2023.

L'Industrie

L’industrie a aussi son rôle à jouer dans la gestion de l’eau !

Eco-conception

Limiter les procédés et produits polluants, et les déchets générés (emballages, déchets de production). Cela va de pair avec la sobriété matérielle et la réutilisation de matériel quand cela est possible.

Prélèvements

Utiliser l’eau en circuit fermé, et s’efforcer à optimiser les procédés. Cela nécessite généralement des investissements dans des thématiques de R&D.

Energie et barrages

Il faut de l’eau pour produire de l’électricité (pour refroidir les centrales, produire de l’électricité, etc.). Il est donc nécessaire d’aménager les cours d’eau et de diminuer cet impact sur le territoire.

Centrales thermiques

Suite au refroidissement des centrales thermiques, la température de l’eau rejetée est plus haute que celle de la rivière, ce qui peut mettre en danger les écosystèmes. Les industriels doivent respecter les normes définies avec une température maximale suite au rejet. Lorsque le débit des cours d’eau est trop bas, certaines centrales doivent s’arrêter car elles ne peuvent plus respecter cette condition.

Barrages

Lors de l’exploitation des cours d’eau pour produire de l’hydroélectricité, les industriels sont soumis à des contraintes pour limiter leur impact sur l’environnement. Il est nécessaire de conserver un débit minimum biologique dans les cours d’eau et d’avoir des aménagements qui “s’effacent” en cas de crue. Il est aussi possible d’optimiser les retenues existantes, et de soutenir les cours d’eau lorsque ces derniers ont des débits trop bas.

L'Agriculture

L’agriculture est le premier consommateur d’eau en France. C’est aussi un usage vital, qui alimente les populations et qui est garant de la qualité des sols sur le territoire cultivé. Ainsi, l’adaptation de l’agriculture au changement climatique et à la disponibilité en eau est un enjeu primordial pour les années à venir. Cela repose aussi entre les mains des consommateurs, qui doivent favoriser et soutenir l’agriculture durable et locale. Il est donc nécessaire que les consommateurs aient conscience du changement nécessaire dans les habitudes d’alimentation.

N’hésitez pas à consulter la revue RESSOURCES de l’INRAE, mine d’informations : 

Adaptation

Choisir des cultures moins consommatrices d’eau et adaptées au climat local. Favoriser une alimentation moins consommatrice d’eau et élaborer des projets alimentaires territoriaux (local, de saison, bio, …). Cela passe aussi par la limitation de l’élevage (intensif ou non), qui demande des surfaces cultivées (souvent en monoculture) et des besoins en eau importants. La conversion de ces surfaces pour l’alimentation humaine directe est un enjeu pour maintenir une forte production locale répondant à l’accroissement de la population.

Diversification et biocontrôle

Diversifier les espèces cultivées pour réduire la vulnérabilité et favoriser la biodiversité. Il faut ainsi utiliser plusieurs variétés cultivées, qui auront toutes des besoins et apports au sol différents. La monoculture appauvrit généralement le sol et ne permet pas de le régénérer naturellement. Il est par exemple possible d’introduire les légumineuses, qui vont apporter de l’azote au sol, puis planter une culture qui a besoin d’azote. On peut également faire des zones de polycultures avec des rotations saisonnières. Enfin, pour ne pas dégrader la qualité des sols, les cultures peuvent être protégées avec des produits ou des prédateurs naturels, plutôt que des pesticides de synthèse.

Préservation des sols

Jamais de sol à nul ! Lorsque le sol est à nu et qu’il pleut, les gouttes d’eau cassent sa structure et l’entraînent par ruissellement. Un couvert végétal (vivant ou mort) à la surface intercepte les gouttes et limite ainsi sa dégradation. C’est donc primordial pour les protéger de l’érosion, mais aussi pour limiter l’évaporation. En effet, un sol couvert aura “moins chaud” et pourra plus longtemps conserver l’eau qu’il contient.

Un sol de bonne qualité est aussi un stock important d’eau et de carbone ! On peut augmenter sa capacité en eau et l’enrichir en apportant de la matière organique. Il faut savoir qu’un sol argileux peut être composé jusqu’à 20% d’eau (contre 10% pour un sol sableux). Un sol qui retient l’eau est un sol qui est capable d’infiltrer, d’alimenter le sous sol, et qui aura moins besoin d’arrosage. Les plantes, et donc les racines, sont aussi un vecteur d’infiltration de l’eau en profondeur dans le sol. Enfin, c’est parce qu’il y a de la vie dans le sol, dont des vers de terre, que l’eau peut s’infiltrer grâce aux galeries qu’ils creusent.

Préserver les sols, c’est aussi limiter le travail du sol, notamment horizontal. Les machines tassent et compactent le sol, créant ainsi des couches peu perméables, sans vie. Il est difficile d’à la fois ne pas travailler le sol et ne pas utiliser d’herbicide, notamment sur les grandes cultures, il est donc important de développer des solutions adaptées à chaque territoire.

Vous voulez en savoir plus sur le monde merveilleux du sol et son importance ? Consultez l’article associé de l’INRAE dans le numéro 4 de leur revue Ressources.

Sols trésor invisible
Le sol : trésor invisible. Issu de la revue Ressouces d'INRAE, numéro 4.

Infrastructures agroécologiques

Recréer des bandes enherbées, des fossés, des haies et des mares est un enjeu clé pour l’agriculture du futur ! Tous ces points favorisent la biodiversité, la qualité de l’eau et limitent le ruissellement. En effet, avoir des fossés et des bandes enherbées autour des champs permet de retenir l’eau qui ruisselle, afin qu’elle s’infiltre petit à petit et profite aux cultures. 

Irrigation

L’optimisation de l’irrigation permet de préserver la ressource en eau. Plusieurs méthodes sont possibles, selon le type de cultures. On peut mettre en place de la micro-aspersion, du goutte à goutte de surface ou enterré. Il est également nécessaire de limiter les fuites dans les canaux qui amènent l’eau aux parcelles. Enfin, il faut irriguer aux moments opportuns pour éviter la perte d’eau par évaporation.

Forêts

L’agroforesterie consiste à associer les arbres et les cultures sur une même parcelle. Introduire des arbres permet de favoriser la biodiversité ainsi que la qualité des sols et des eaux, par exemple en limitant la fuite des nitrates vers les couches profondes de sol. Cela permet aussi d’apporter ombre et protection aux animaux et aux cultures. Enfin, la fertilité du sol peut être améliorée par les feuilles des arbres qui tombent sur le sol.

Cela doit être bien fait, avec les bonnes associations. Par exemple, l’acacia permet de fixer l’azote dans le sol, il peut donc contribuer à l’alimentation azotée de la culture, et ainsi réduire l’utilisation de produits de synthèse.

Numérique

Le numérique peut aussi aider l’agriculture du futur. Par exemple, il est possible de mettre en place des systèmes d’information pour suivre l’état hydrique des sols et d’anticiper l’arrivée des pluies afin d’irriguer au bon moment.

Eau potable et traitement

L’eau c’est la vie, et nous l’utilisons au quotidien à la maison. En France, 2/3 de l’eau potable vient des nappes phréatiques et 1/3 des eaux de surfaces. 

Canalisations

Aujourd’hui, en moyenne 20% de l’eau prélevée dans les milieux est perdue en cours de route, avant d’arriver dans les habitations. Cette eau, prélevée dans les nappes et les rivière, n’est pas rendue à leur milieu d’origine et on ne sait pas quand elle sera réutilisable. Il existe donc un fort enjeu d’entretien et de réparation des réseaux de canalisation, afin de limiter les fuites et donc la perte d’eau.

STEP (Stations d'épuration)

En France, la qualité de l’eau du robinet est bonne, même si des accidents peuvent arriver. Néanmoins, l’utilisation de produits de synthèse sur les sols et dans l’eau, le rejet de détritus dans les rivières et les réseaux ainsi que l’augmentation de la température peuvent mettre à mal cette qualité. Des investissements sont prévus afin de mettre en place des traitements d’épuration pour gérer les micropolluants, les microplastiques, et d’améliorer le traitement des nitrates et phosphates.

Ce traitement de l’eau produit des boues et des effluents qui peuvent polluer l’environnement. Diminuer leur quantité est donc un enjeu pour l’environnement.

Recharge artificielle des nappes

Des expérimentations sont en cours pour recharger artificiellement les nappes. Plusieurs systèmes existent. Par exemple, dans le 31,  d’anciens canaux sont utilisés pour faire transiter l’eau en des sites “clés” où elle peut ensuite s’infiltrer grâce à des bassins. Cela marche notamment pour les nappes alluviales, qui accompagnent les cours d’eau et sont de faibles profondeurs en certains endroits. Evidemment, cela doit se faire sous condition de bonne qualité de l’eau, afin de ne pas polluer les nappes.

REUT

Les eaux issues des stations d’épuration sont de bonne qualité, même si elles ne sont pas potables. Elles sont actuellement rejetées dans les cours d’eau, où elles sont donc diluées. Au lieu de les rejeter dans les cours d’eau, elles pourraient être utilisées pour divers usages qui ne requièrent pas de potabilisation. Par exemple, certains types d’agriculture, le nettoyage des voiries, etc.

Attention, cette solution est pertinente en zone littorale car les eaux usées sont généralement rejetées dans la mer ou l’océan. Elle l’est par contre beaucoup moins si les eaux usées sont rejetées dans les rivières, car cela risque de diminuer le débit des rivières.

Aujourd’hui en France, les normes sur la qualité de l’eau ne permettent pas encore d’utiliser le REUT à large échelle, mais des expérimentations sont en cours.

Aménagement du territoire

L’aménagement du territoire a profondément modifié le cycle de l’eau au cours des dernières décennies. Cela a eu pour conséquences, entres autres, d’altérer les sols, et de diminuer l’infiltration de l’eau dans les nappes. Mais également de canaliser les rivières et de perdre des espaces de vie pour la biodiversité.

Gestion de l'eau dans les villes

Aujourd’hui, les eaux pluviales sont encore très peu récoltées. Idéalement, ces eaux devraient être utilisées pour arroser les jardins et s’infiltrer dans le sol. Il est également plus pertinent d’utiliser ces eaux pour des usages communs, plutôt que d’utiliser les eaux prélevées dans les nappes phréatiques (par exemple pour les WC). Néanmoins aujourd’hui, ces eaux sont récoltées et rejetées directement dans les rivières. 

Outre cette récolte, les réseaux d’eau doivent être séparatifs entre l’eau de pluie et les eaux domestiques usées. Cela évite de traiter l’eau de pluie en station d’épuration, et pourrait ensuite permettre l’utilisation de l’eau de pluie pour l’arrosage ou d’autres usages. 

Tourisme

Certaines zones souffrent déjà beaucoup du manque d’eau en été. Lorsque les populations augmentent avec le tourisme, cette tension sur la ressource ne fait que s’accroitre. Cela ne concerne pas seulement le manque d’eau, mais aussi certaines activités qui seront inadaptées dans le futur (ski en basse altitude, kayak dans certaines zones, etc). Il est donc nécessaire d’adapter les loisirs au contexte en eau local (stations de ski, stations balnéaires). Cela peut passer par la limitation des déplacements estivaux vers les zones à faibles ressources en eau.

Aménagement des cours d'eau

Les barrages et obstacles sur les cours d’eau mettent à mal la continuité écologique. En France, on compte un obstacle tous les 4km de linéaire d’eau. Ces obstacles empêchent le fonctionnement normal des cours d’eau, la migration des poissons, et le transport des sédiments vers la mer.

Pour améliorer cette continuité écologique, il est possible de construire des passes à poisson sur les ouvrages. Plusieurs ouvrages sont obsolètes (anciens seuils, anciens moulins, etc.) et il est donc nécessaire de les démanteler. Enfin, gérer des aménagements sur les rivières veut aussi dire gérer le transport sédimentaire, en évitant aux sédiments de rester bloqués dans la rivière.

Gestion des sols

Les sols de bonne qualité sont tout aussi pertinents dans les villes que pour l’agriculture. Ainsi, il faut favoriser l’infiltration de l’eau grâce à des sols de qualité et des végétaux pertinents. Double effet, cela permet aussi de lutter contre les ilots de chaleur. Renaturer, désimperméabiliser les sols, limiter l’étalement urbain et l’artificialisation des sols sont les mots clés pour les élus du futur.

Bonus : Végétaliser les villes et infiltrer l’eau permet aussi de limiter les inondations. En effet, les inondations en ville peuvent être dues a de trop fortes pluies qui n’ont pas la capacité à s’évacuer naturellement du fait de la bétonisation des villes.

Crues

Les Solutions Fondées sur la Nature (SFN) s’appuient sur la nature afin de relever les défis de demain. Cela consiste par exemple à remettre en place les plaines naturelles d’inondation ou les zones humides. Sur la thématique “Crues et Inondations”, elles consistent à restaurer le cycle de l’eau naturel en diminuant le ruissellement en faveur de l’infiltration. Ces solutions sont mises en place dans le respect des écosystèmes, et peuvent également toucher d’autres domaines sur le thème de l’eau, comme la qualité.

Solutions Fondées sur la Nature

Concernant les crues, il est également impératif de maîtriser l’urbanisation via des Plans de Prévention des Risques Naturels d’inondation.